L'anéantissement d'une vampire ancienne et la naissance d'un amour pur

 [Rapports narratifs - Animation de DM Grenouille, Meriel jouée par elle-même]

Chers confrères et consœurs de l'Éclat Ardent,

J'aimerais attirer votre attention sur le cas d'une vampire sur la trace de laquelle je suis, en compagnie et sous la direction d'une paladine de Lathandre du nom de Meriel Fryar, dont la traque et la destruction de ces créatures de la nuit est la spécialité.


La manière dont nous nous sommes rencontrés n'est pas anodine, aussi estimé-je bon de la relater brièvement. Comme certains d'entre vous le savent, je m'exerce assez régulièrement dans les cryptes qui se situent non loin de la ville, et plus particulièrement dans ses tréfonds. Alors qu'en temps normal je ne rencontre guère de difficulté en faisant montre de prudence, je me suis trouvé face à plusieurs vampires, dont l'un était d'une puissance nettement supérieure à celle de tout ceux que j'avais déjà pu croiser en ces lieux. Je fus défait et sombrai dans l'abîme, mais fut ramené à la lumière par la paladine déjà nommée, qui avait manifestement annihilé tous ces vampires sans la moindre difficulté. J'ai de même pu constater ses grandes aptitudes au combat en faisant route vers la surface.


C'est alors que la paladine Meriel m'expliqua qu'elle était à la recherche d'une vampire très cruelle et très puissante, qui avait la faculté de vampiriser plus facilement que nombre de ses semblables. Cette vampire serait également la responsable de ce qui était arrivé à messire Siegmon, comme vous êtes nombreux à le savoir déjà. C'est pourquoi je me suis associé avec cette paladine dans l'espoir de détruire cette abomination, afin qu'elle ne produise pas plus de calamités qu'elle n'en a déjà produit. Si Meriel avait pu me trouver dans la crypte, c'est parce que cette vampire y aurait élu domicile et qu'elle la recherchait déjà. Nous convînmes donc d'y retourner ensemble, ce que nous fîmes quelques jours ensuite.


La paladine Meriel me vint donc retrouver au temple, ou notre régente put faire sa connaissance et lui montrer l'autel de son dieu. Elle avait tout préparé pour notre expédition, car la chasse aux vampires, malgré ce qu'on peut croire, n'est pas qu'une affaire de combat spontané. Arrivés tous deux devant la crypte, nous trouvâmes devant la porte d'icelle, un dénommé Soren qui voulait nous empêcher de passer, nous déclarant inconscients. Meriel et lui firent référence à une précédente conversation, lors de laquelle il l'aurait traitée de fanatique. Apparemment, lui et messire Siegmon avaient déjà tenté de retrouver la vampire mais avaient été repoussés durement. Néanmoins, nous étions déterminés, et c'était là affaire de paladins avant tout, aussi Soren finit-il par laisser tomber.

Notre travail a l'intérieur fut très intéressant pour moi qui put être initié un peu aux subtilités de la traque de ces êtres malfaisants aux crocs acérés. La paladine Meriel, dont l'expertise sautait aux yeux, insista particulièrement sur la nature des pièges, l'état des cercueils afin de déterminer quel genre de vampires pouvait s'y trouver ou non, jeunes ou vieux, ou si ces cercueils pouvaient avoir été utilisés ou réparés récemment. Le but principal de cette première fouille était en tout cas, pendant qu'il faisait encore jour, de trouver le cercueil de la vampire que nous voulions détruire, pour agir ensuite. Si nous avons pu localiser plusieurs cercueils qui pouvaient être utilisés, le jour se passa sans découvrir ce que nous recherchions, et nous dûmes prendre quelque repos à tour de rôle. La paladine veilla en premier, mais ce fut lorsque je pris mon tour de garde qu'un événement étrange se produisit. J'entendis en effet des chuchotements un peu plus loin, de manière très vague et indéterminée, puis, plus inquiétant encore, des pleurs d'enfant. Ne pouvant déterminer de quoi il s'agissait au juste, je réveillai Meriel.

Nous cheminâmes alors prudemment, nous attendant à toute éventualité, et débouchâmes dans cette salle qui renferme de vieux grimoires moisis sur des étagères branlantes et où une momie fut anéantie. Juste alors, les pleurs que j'avais entendus se firent entendre de nouveau, sans que nous puissions douter qu'ils émanaient de cette même pièce où nous nous tenions sur nos gardes. Nous découvrîmes, caché dans un coin, un jeune garçon d'environ sept ans à l'aspect quelque peu maladif, qui sanglotait d'un air apeuré. D'un air bienveillant, je m'approchai de lui dans l'espoir de lui porter secours, tandis que Meriel restait un peu en arrière, visiblement sur la défensive. Je pus tirer de l'enfant qu'il s'était aventuré ici en quête de pièces d'or, pour venir en aide à sa mère et à sa sœur qui étaient démunies. Toutefois, son attitude changea quand je voulus m'approcher et lui tendre la main, car il souffrait de s'être foulé une cheville. Son recul fut très vif, et que je lui eusse appris qu'il avait deux paladins face à lui ne le calmait pas, au contraire même. Puis, soudainement il changea de comportement ; ses traits se durcirent et sa voix devint sombre et glaciale. L'enfant transformé nous enjoignit de nous en retourner, presque menaçant. Insistant pour l'aider, ne comprenant pas ce qu'il se passait, je m'avançai encore mais il se mit à se mouvoir à une vitesse déconcertante, grimpant comme un primate à mon armure et m'arrachant mon heaume. Tout alla très vite ensuite, et ce fut Meriel qui le rattrapa et le mit à mort, lui tranchant la tête d'un coup vif et précis : le jeune garçon n'était autre qu'un jeune vampire ! La paladine pria pour le repos de son âme, elle qui l'avait déjà conjuré de retourner dans le monde auquel il appartenait pendant que j'étais encore abusé et ne prenait pas garde.

L'expérience me secoua un peu, c'est pourquoi Meriel préférait que nous en restions là pour cette fois : un choc peut rendre vulnérable à ces créatures expertes en manipulation mentale. Nous fîmes donc route vers la sortie, nous trompant quelques fois de chemin tout en discutant quelque peu. C'est alors que la paladine ouvrit la porte d'une salle où, une fois entrés, elle m'invita vivement à rester sur place : un cercueil était là, en évidence, et il présentait toutes les marques d'une réparation et d'une utilisation récentes. Meriel pense que c'est celui qu'utilise la vampire que nous cherchons. Forts de cette découverte, nous décidâmes de partir pour préparer ensuite la prochaine expédition qui devrait permettre d'en finir.

En ville, nous croisâmes Soren, puis Siegmon. Le premier semble se montrer très sceptique sur le travail des paladins, semblant croire qu'il aurait pu faire mieux et éviter la mort de l'enfant - mais ce dernier était déjà mort depuis longtemps en vérité, qu'on le veuille ou non. Siegmon, quant à lui, a semblé presque déçu que nous ayons trouvé le cercueil, finissant par avouer qu'il préférerait s'en occuper lui-même. Il est assez déconcertant, en vérité, de constater combien beaucoup de gens de ce royaume sont réticents à voir les paladins accomplir leur mission et leur vocation.

Pour ma part, la paladine Meriel m'a conseillé de ne pas sortir de la ville pour éviter toutes représailles de la créature, et du moins de rester à l'Éclat ou dans des endroits privés.

Votre bien dévoué,

Tancrède de Jasperal, novice de l'Eclat Ardent


Chers confrères et consœurs,

Je reprends ma narration de manière concise, afin de vous mettre au courant des derniers événements liés à cette affaire.

Je précise de prime abord que les choses ne se sont pas déroulées comme je le laissais entendre à la fin de mon premier récit, c'est-à-dire que je ne suis pas retourné dans la crypte avec la paladine Meriel Fryar, à cause d'un quiproquo qui a failli me faire me retirer de l'affaire. La paladine m'avait en effet demandé si je pensais que Soren, qui semblait avoir changé de discours sur notre travail, pourrait se joindre à notre quête, ce que j'avais mal interprété en pensant qu'elle avait déjà accepté de son côté. Soren étant sorcier, je l'ai mal pris et s'en est suivie une légère brouille. De mon point de vue, seuls des paladins et des cœurs purs de tout mal peuvent s'acquitter de la tâche de donner repos à la non-vie de la meilleure manière, ce n'est pas qu'une affaire de destruction.


Heureusement, et également pour des raisons personnelles que je ne relaterai pas ici, le quiproquo a pu être levé et la réconciliation faite, quand j'ai écouté au temple la paladine Meriel qui a bien voulu me faire part de ce qui s'était passé de son côté. Comme je l'avais déjà mentionné et laissé entendre, il y a beaucoup de personnes dans ce royaume, qui, parce qu'elles ont quelque talent, se croient spécialistes de tout domaine, même de celui qui est parfaitement éloigné du leur, la traque de la non-vie. C'est ainsi que plusieurs personnes se sont rendues dans la crypte malgré les avertissements de ma consœur paladine, dont la défunte consule Sylianne (à propos de laquelle Meriel m'a dit penser qu'elle pouvait être pire que cyriquiste, et qu'elle avait rarement senti une aura aussi mauvaise), Soren, Siegmon, Syrielle et Anna Saint-Clair. Mal leur en a pris car plusieurs auraient pu être tués sans l'intervention de ma consœur, qui m'a surtout relaté ce fait inquiétant ; la dite Syrielle se serait fait contaminer de plein gré par la vampire, ce pourquoi Meriel a dû affronter les deux, s'en sortant heureusement simplement avec quelques blessures.

La crypte est désormais scellée, et il est fort déconseillé d'essayer de s'y rendre par bravade.


Je ne connais pas le détail mais Syrielle a pu être maîtrisée et se trouve aujourd'hui enfermée au temple de l'Impassible Fraternité, où Soren la garde. Nous l'avons visitée il y a plusieurs jours, et il semble qu'elle refuse d'être soignée, parlant même étrangement d'emporter des secrets dans la tombe. Il est à craindre que cette femme doive être éliminée et son corps brûlé, d'ici un temps qui ne sera pas bien long.


La paladine Meriel et moi avons entrepris des recherches sur cette vampire, qui devraient nous donner des informations précieuses en vue de l'anéantir définitivement. Ma consœur a pris le risque d'entrouvrir le cercueil que avions trouvé, et a ainsi pu y lire un nom gravé : Maryse de Noche Oscura. Meriel, qui s'est déjà adressée au Sénat, a pu déterminer qu'il s'agit là d'une femme qui a bel et bien vécu en Erethil, et qu'elle aurait disparu il y a cent ans de cela, si ce n'est plus. Nous savons également qu'elle possédait énormément d'argent et qu'elle aurait fait fortune dans les fleurs, ce qui indique qu'elle aurait été marchande. Nous avons essayé de nous adresser à la garde pour savoir si on avait pu garder trace de la disparition de cette femme, mais on n'a pas pu encore nous renseigner sur ce point précis.

Voilà pour le moment.

Tancrède de Jasperal


Chers confrères et consœurs,

Les éléments cités par le précédent rapport de Frère Devian, soit des lys blancs, de la poudre d'argent ainsi que des pieux d'argent, ont pu être réunis avec le concours de M. Soren.


La paladine Meriel les a déposés sur l'autel de Lathandre de notre temple et nous avons ensemble entonné des prières et oraisons pendant plusieurs heures, afin de bénir ces objets et qu'ils puissent nous assister au mieux pendant la confrontation contre la vampire.

Nous paladins, nous rendrons donc à la crypte [hrp : ce mardi 15 juin à 21h, dixit DM Grenouille] pour mettre un terme à cette abomination par la lumière de nos saintes fois. La présence de l'aspirant Lucian Holygon, que j'ai contacté, est également prévue.

Bien à vous,

Tancrède de Jasperal


La mort définitive de Maryse de Noche Oscura

Chers confrères et consœurs de l’Éclat Ardent,

Ce rapport constituera ma dernière narration concernant la traque de la vampire qui avait nom Maryse de Noche Oscura lorsqu'elle était mortelle, puisque, comme vous serez heureux de le lire si jamais vous ne l'avez pas encore appris, elle a pu être défaite et renvoyée définitivement là où elle ne pourra plus nuire à personne. Ce ne fut pas sans efforts ni sacrifices, aussi vais-je vous raconter brièvement ce qu'il s'est passé.

La paladine Meriel Fryar, l'aspirant prêtre de Tyr Lucian Holygon et moi-même nous retrouvâmes donc à l'heure convenue à l'intérieur de notre temple, les préparatifs de notre expédition ayant été terminés, grâce aux longues prières que moi et Meriel avions fournies des jours durant afin que les pieux d'argent, la poudre d'argent et les lys blancs fussent bénis et nous permissent de maîtriser la vampire et d'avoir l'avantage. Nous attendîmes pendant un assez long temps Frère Devian Edred, ne sachant pas s'il pourrait nous accompagner vu qu'il avait prêté serment d'être juge lors d'un procès devant se dérouler dans le même temps. Cela s'étant arrangé de manière qu'il ne m'appartient pas de commenter, nous partîmes donc tous quatre vers la crypte au sud de la ville.


Chacun de nous était conscient que la tâche promettait d'être rude, mais nous étions enthousiasmés par l'idée de débarrasser enfin cette crypte du danger qu'elle recélait depuis trop longtemps. Nous nous préparâmes consciencieusement avant d'entrer dans l'antre des ténèbres et de la non-vie, Frère Lucian nous appuyant efficacement grâce à divers sorts, et nous tous nous recommandant à Tyr et à Lathandre. La paladine Meriel nous avertit d'être sur nos gardes comme jamais, parce qu'elle était certaine que la vampire s'attendait à notre visite et qu'elle devait se trouver comme enragée. Aussi serait-elle sans nul doute encore plus puissante que lorsque Meriel l'avait affrontée en plus de Syrielle vampirisée.

Lorsque nous eûmes quelque peu cheminé à l'intérieur de la crypte, nous prîmes assez rapidement conscience qu'effectivement, notre venue avait été anticipée depuis longtemps. Dès le premier niveau, nous eûmes par exemple à affronter un vampire sorti inopinément de son cercueil, ce qui n'arrive que fort rarement en temps « normal ». Naïvement, je m'attendais à ce que la vampire pût se trouver encore avec son cercueil là où je l'avais découvert avec Meriel lors de notre première expédition. Mais comme me l'a si souvent répété cette dernière, il ne faut jamais s'attendre à rien de la part d'un vampire, sous peine d'être sévèrement pris au dépourvu ; rien n'est jamais acquis ! En vérité, la paladine Meriel pensait plutôt que la vampire que nous recherchions pouvait très probablement se trouver à l'endroit même où nous nous étions rencontrés pour la première fois, là où elle m'avait sauvé la vie, c'est-à-dire le repaire de la vampire Lady.

Au fur et à mesure que nous nous enfoncions dans les profondeurs des caveaux suintant de mal et d'horreur, nous fûmes confrontés à divers phénomènes inquiétants, qui se trouvaient disposés ça et là comme autant d'invitations à rebrousser chemin. A côté de cela, les pièges que l'on trouve habituellement dans cette crypte, et que la paladine Meriel nous enjoignait d'éviter de déclencher pour ne pas attirer l'attention trop tôt, n'étaient que dérisoires. Il y eut ainsi en divers endroits, qu'il était nécessaire de franchir pour atteindre notre but, des concentrations de flammes bleuâtres et lugubres, sinistres et inquiétantes, que nous pûmes traverser à force de foi et de volonté, car elles constituaient autant d'illusions maléfiques : lors du passage de l'une d'elle, Frère Devian eut ainsi une vision d'horreur. Mais ce qui fut sans aucun doute le plus gênant et le plus persistant, ce fut, surtout lorsque nous fûmes descendus au niveau inférieur, l'émanation d'une brume rougeâtre à l'odeur fétide, nauséabonde et même pestilentielle, qui risquait d'attaquer nos poumons et qui ralentit Frère Lucian un moment. Chacun de nous tentait de progresser au mieux dans cet environnement hostile, et cela n'était pas toujours chose aisée, quand on entendait des voix psalmodier des incantations maléfiques au son de pleurs d'enfants, ou que l'on croisait de puissants restes de chevaliers déchus que les talents de combattants de Meriel et Devian permirent de vaincre sans trop de mal. A ce niveau inférieur, l'aura de maléfice était à son paroxysme, et l'horreur à son comble dans plusieurs salles comportant de nombreux cercueils et qui étaient jonchées de corps nombreux et atrocement mutilés. Nous ne pouvions plus rien pour les âmes de ces malheureux sacrifiés sur l'autel de l'hérésie la plus sombre, aussi ne pûmes-nous que nous apitoyer, et Frère Lucian brûla les corps, seul respect pouvant être offert dans ces conditions. Les pleurs d'enfant déjà évoqués trouvèrent leur explication dans une scène très comparable à celle que j'avais vécue avec Meriel et que j'avais évoquée dans un précédent rapport : de la même façon, il commença par nous implorer de l'aider, avant de dévoiler sa vraie nature ténébreuse. Difficile de savoir ce qu'il était vraiment cette fois, peut-être une goule d'après Meriel.

Je ne voudrai pas vous impatienter par trop de détails, aussi en viendrai-je au fait qui vous intéresse sans doute le plus, l'affrontement avec la vampire, car nous découvrîmes bien Maryse de Noche Oscura là où se terre d'ordinaire la vampire Lady. Frère Lucian avait d'ailleurs pu ressentir la présence d'une créature ténébreuse très puissante, parmi d'autres de moindre envergure, grâce à ses dons, c'est pourquoi nous n'avions plus de doute. Nous nous préparâmes solennellement pour l'affrontement final, prêts à donner notre vie s'il le fallait pour en terminer. J'espérais cependant que nos saintes fois nous en préserveraient, tout en ressentant quelque émotion de combattre là même où Meriel m'avait sauvé la vie. C'était à moi et à mes frères de l'assister au mieux pour que sa mission connût une fin heureuse, glorieuse et triomphante.


Le combat s'engagea donc une fois que j'eus déverrouillé la porte, que Meriel eut dispersé un peu de poudre d'argent sur le seuil et qu'elle eut remis un pieu d'argent à moi et à Frère Devian ; nous nous élançâmes de toute la vaillance de nos cœurs et de nos âmes de Lumière contre la créature qui nous attendait sans trahir la moindre crainte. En effet, malgré nos talents de combattants et notre ardeur, il s'avéra rapidement que la vampire, comme l'avait prédit Meriel, se trouvait enragée et comme animée par un instinct de survie paradoxal, qui la rendait agile comme un félin et résistante comme une forteresse imprenable. Elle nous raillait malgré nos coups redoublant d'effort et d'énergie, se gaussant de notre impuissance. Si elle paraissait blessée un instant, ses forces lui revenaient tout de suite, et elle apparaissait soudainement à un autre endroit de façon stupéfiante, faisant montre de la puissance d'un vampire ancien. Bref, il apparaissait de plus en plus évident que la force brute ne résoudrait rien, et que nous courions à l'échec avec une ardeur irréfléchie qui ne nous permettrait pas de tenir indéfiniment. Mais l'orgueil de la vampire et les ingrédients bénis par nos soins constituèrent la solution. Meriel put immobiliser la vampire dans un coin de son antre grâce à la poudre d'argent dont il restait suffisamment, ce à quoi la créature ne s'attendait visiblement pas. Mais elle n'avait pas perdu sa puissance, ce à quoi ne pensa pas Frère Devian quand il voulut en finir trop rapidement en se précipitant sur elle sans nous en avertir ; même s'il combattit avec vaillance, il tomba bientôt comme foudroyé, inerte. Meriel et moi dûmes prendre le relai, pendant que Frère Lucian pouvait mettre à l'écart le corps de notre frère, et jouer notre dernier atout pour mettre un terme à l'arrogance de la vampire : les lys blancs, dont la pureté devaient anéantir la noirceur de la bête. On m'excusera si mon récit se fait plus flou et confus ici ou si j'intervertis un ou deux détails, mais les choses se sont enchaînées très rapidement et on comprendra pourquoi j'ai été choqué sur la fin... Toujours est-il que je pus profiter de l'effet des lys pour lancer de manière précipitée, car l'urgence nous prenait, mon pieu là où il le fallait, et je fus assez heureux pour atteindre mon but grâce à Tyr. La vampire tressaillit, mais, comble d'horreur, elle retira son pieu et l'enfonça violemment dans le ventre de Meriel. Frère Lucian nous assistait de son mieux, mais la blessure de Meriel était très sérieuse. Pourtant, puisant dans sa foi, sa détermination et son courage une énergie insoupçonnée, elle arracha le pieu qu'elle planta elle-même, dans un hurlement frénétique, dans le cœur de la vampire déjà affaiblie. Enfin, c'était fini : le corps se dissipa pour s'évanouir dans les ténèbres, vaincu par les pieux d'argent, notre courage, et la force de caractère inouïe de la paladine Meriel. Le cercueil fut détruit.


Frère Lucian fit de son mieux pour soigner Meriel, mais il ne put qu'apaiser une blessure grave qui m'inquiétait au plus haut point, même si la paladine ne répondait pas à mes regards, toute à son devoir. Frère Devian put également fort heureusement être remis sur pieds, même s'il demeurait encore faible. Toute pleine d'abnégation, et sentant que ce n'était peut-être pas terminé et que des embûches pouvaient nous attendre sur le chemin du retour, elle nous commanda de nous en retourner, en nous rendant invisibles, disant qu'elle suivrait de peu. Je ne lui obéis qu'avec résignation, mais j'avais tellement confiance en elle que je ne m'attendais pas à ce qui arriverait. Ainsi, au sortir de la crypte, Soren Brener nous attendait, anxieux du résultat de notre expédition, et s'il fut heureux quand nous lui apprîmes que la vampire n'était plus, il s'inquiéta de ne pas voir Meriel. Je lui appris, encore confiant, qu'elle allait nous rejoindre d'un instant à l'autre, mais c'est alors que je captai les regards révélateurs et gênés de mes deux frères Devian et Lucian, et que le voile qui obscurcissait mon jugement commença à se dissiper. Ils me dirent qu'ils ne pensaient pas que la paladine reviendrait, qu'elle avait voulu se sacrifier et que, sentant sa mort proche, elle avait voulu m'éloigner d'elle afin de ne pas me voir souffrir. Autant l'écrire ici clairement même si certains d'entre vous le savent déjà, et parce qu'un suivant de Tyr dit toujours la vérité, la paladine Meriel Fryar et moi éprouvons des sentiments l'un pour l'autre. Aussi tombai-je dans un état de choc profond en entendant la sentence que m'énonçaient mes frères, sentant le monde s'écrouler devant moi en un instant et tombant dans un état de prostration. Soren Brener se précipita pendant ce temps dans la crypte, pensant pouvoir la sauver encore, mes deux frères de foi pensant eux que Meriel n'eût pas voulu que j'y retournasse en me mettant en danger. Je cédai un moment par faiblesse et à cause du choc, mais fort heureusement, Soren revint peu après avec Meriel dans ses bras, faible et gravement atteinte mais sauve. Frère Lucian fit tout ce qu'il put pour stabiliser son état et la grave blessure au ventre qu'elle avait reçue, avant que nous ne l'emmenions au temple de l’Éclat Ardent comme nous l'avions décidé, craignant qu'elle ait pu être mordue.  


Là-bas, le porte-peine d'Ilmater constata son état de faiblesse et se montra réservé sur l'espoir d'un rétablissement, cependant son état semblait stabilisé pour le moment. Après quelques examens et l'administration des meilleurs soins possibles, je portai la paladine Meriel à l'étage du temple où je la couchai dans le grand lit. Je m'occupai d'elle, nettoyant le sang dont sa peau était maculée et la changeant moi-même, constatant qu'il n'y avait plus trace de blessure, mais c'est alors que je constatai qu'elle était plus que victime d'une inconscience : Meriel Fryar, elle qui s'est sacrifiée pour vaincre la bête immonde, est désormais dans le coma. C'est pourquoi depuis lors je me consacre à la soigner et à prendre soin d'elle, et ne pourrai considérer la victoire pleinement acquise, que lorsque j'aurai la joie de la voir enfin rouvrir ses yeux.


[Hrp : il faut donc considérer que Tancrède passe le plus clair de son temps au chevet de Meriel au temple dans la chambre, où il travaille aussi au bureau à côté du lit, y compris quand je ne suis pas connecté]

Tancrède de Jasperal, novice de l’Éclat Ardent 

0 commentaires: