Avant l'arrestation
Alors que je m'étais rendu au fortin des Vigilants pour m'entraîner avec deux de leurs récentes recrues, la dame Romane de Rosecroix demanda à me parler en privé. Elle me narra que selon les confidences de Lys, la compagne de récente date du Caporal Wald Durehache, celle-ci aurait été victime d'une domination magique et malintentionnée émanant d'une dénommée Alicia, tieffeline venant de Zyrathul et résidant en Syméria depuis quelques temps. La dame de Rosecroix évoqua même la possibilité d'un viol. Une mission d'arrestation avait déjà été convenue, dont elle serait la meneuse, et j'étais mis dans la confidence de par mon état de paladin de Tyr, qui pourrait m'amener à me prononcer sur l'affaire et en tout cas à seconder cette mission. Ce qu'il m'importait de découvrir, était si l'accusation était fondée, et si Lys pouvait être utilisée par Alicia pour toucher le Caporal et par là l'armée, pour le compte de Zyrathul. Je n'avais pas de raison alors de mettre en doute les dires même de la victime répétées par la dame de Rosecroix.
L'arrestation
Après m'être entraîné avec les vigilants Iko et Mickael, je me trouvais au fortin non loin de ce dernier comme du Caporal et de Lys quand la suspecte Alicia se montra aux portes du fortin. Je ne savais pas ce qui allait se passer, mais après qu'on l'eut repérée et que Wald se plaça à mon côté pour me murmurer d'attendre son ordre avant d'agir, je compris que l'arrestation était imminente ; je n'eus plus aucun doute quand la dame de Rosecroix fit son entrée. L'arrestation en elle-même ne fut pas facile, car la suspecte Alicia ne se montra guère coopérative, ne comprenant pas ou faisant semblant de ne pas comprendre pourquoi on l'arrêtait. Plusieurs témoins, vigilants ou civils, furent stupéfaits. Il fallut lier les mains puis bâillonner la suspecte, et l'entraîner tant bien que mal sur le chemin qui menait en ville. Lys, la victime, intervint pour nous compliquer la tâche jusqu'à menacer de se suicider si on faisait du mal à celle qu'elle qualifiait d'amie. Après avoir été maîtrisée et une intervention un peu hasardeuse du vigilant Jamal, Lys fut laissée en arrière avec le Caporal. Le vigilant Malinar, ayant montré beaucoup de compassion pour la suspecte, fut chargé de la porter après qu'on lui eut lié les pieds. Toutefois, il est à noter que la vigilante Rosecroix a eu du mal à se faire respecter, et que mon statut de paladin n'a semblé respecté qu'à contre-cœur par certains soldats. Aussi le chemin jusqu'à Neyrolune fut-il particulièrement ralenti et désagréable, la suspecte ne cessant de se contorsionner qui plus est.
L'interrogatoire et le verdict
Arrivés à la bâtisse de la Justice, nous expliquâmes la situation aux paladins qui étaient de garde. Quand je me fus présenté comme paladin de Tyr, récemment arrivé sur l'île, on décida de me confier l'affaire et donc le verdict – j'étais en effet au courant de l'affaire, même si toutes les zones d'ombre n'étaient pas dissipées. Ce fut l'occasion pour moi d'en apprendre plus sur les institutions du royaume de Syméria, et de découvrir que le rôle des Vigilants est très étendu, car non seulement ils constituent l'armée, mais également la police, ce qui fait qu'arrestations pour crimes ordinaires et interrogatoires relèvent de leur compétence. Je ne manquai pas d'en être un peu étonné, mais laissai les soldats faire leur travail, que j'accompagnerais et terminerais au besoin pour complément d'information. Étaient présents, les vigilants Wald, Romane, Mickael (celui-ci dut être évacué de force après avoir tempêté sans retenue contre la Justice – non-sens puisque l'arrestation et ses méthodes est le fait du corps auquel il appartient), Jamal, Malinar, Ariann, puis, nous ayant rejoint sur la fin, la magicienne du Cercle de l'Aurore Jill Olwen – quelques civils comme l'elfe Oone n'avaient pu entrer. Le Caporal Wald Durehache commença, lorsqu'Alicia fut détachée par Malinar d'un commun accord, celui-ci restant dans la cellule pour parer à toute éventualité – la suspecte possédant des pouvoirs magiques. Il revint sur le moment précis qui constituait le nœud de l'affaire, à la lumière de paroles échangées avec Lys avant de nous rejoindre : si Romane avait conclu à une domination d'Alicia sur Lys, c'est parce que la première avait lancé un sort à la seconde, pendant une discussion. Mais en revenant sur cette discussion, l'interrogatoire du Caporal mit en lumière le fait qu'Alicia avait lancé un sort, un sort que la suspecte qualifiait de charme mineur et temporaire, en réaction à un comportement agressif de Lys, qui aurait été jusqu'à la menace verbale et gestuelle d'un étranglement. Cet interrogatoire me montra que l'interprétation, quoique bien intentionnée, de la vigilante Rosecroix, avait peut-être été faussée. Le Caporal demanda à me parler à l'écart, et m'entretint de sa conviction de l'innocence de la suspecte et accusée, de même que du problème de double personnalité dont souffrait sa compagne Lys. Une double personnalité qu'il ne put détailler autant que je l'aurais souhaité. De retour parmi les autres, je décidai d'interroger moi-même la suspecte, notamment sur la nature de l'amitié qui la liait à Lys, sur leur histoire à Zyrathul. Alicia et Lys avaient été toutes les deux les employées d'une auberge, et la première avait établi un plan pour récupérer l'auberge, secondée de son plein gré par la seconde ; les deux avaient fini par gagner Syméria. On m'apprit que d'après une opération mentale effectuée par le mage Haggen Obscura sur la suspecte, elle n'était pas une espionne – cela levait ma principale inquiétude. Alicia ne put pas me renseigner sur la double personnalité de Lys, qui elle m'inquiétait de plus en plus, ce qui était le cas également de la vigilante Ariann qui était d'avis d'aller jusqu'à faire arrêter Lys. Le vigilant Malinar objecta qu'un interrogatoire serait bien suffisant, mais Ariann rappela que Lys n'était pas volontaire. Cependant, ce procès était celui d'Alicia, même s'il était difficile de bien séparer les deux cas. Romane de Rosecroix voulut intervenir une dernière fois, notamment sur la nature de l'amitié d'Alicia et Lys, soutenant que cette dernière avait véritablement avoué qu'elle ne se sentait pas maîtresse d'elle-même en présence d'Alicia, et tentant de piéger Alicia en évoquant des relations charnelles entre les deux jeunes femmes, et le fait que la relation de Lys avec le Caporal lui déplaisait. Alicia ne nia pas les dites relations, au royaume de Zyrathul seulement, mais se défendit d'avoir cherché à dominer Lys, n'étant pas capable de lancer un tel sortilège. Romane de Rosecroix, acculée par ses confrères, convint avec rage qu'elle s'était trompée sur la nature du sort, et sortit furieuse sans attendre le verdict. Je ne pouvais pour ma part que constater que les apparence avaient été trompeuses, et que rien ne prouvait vraiment que l'accusée avait voulu nuire et s'approprier la volonté de la présumée victime, autrement que dans les bornes d'une amitié intime. Plus encore, le fait que la victime ait menacé de s'ôter la vie ne signifiait pas nécessairement qu'elle était dominée mais plutôt mettait en valeur son instabilité. La réaction de l'accusée, excusable sous le coup de la panique, avait été motivée par les menaces dues à la personnalité obscure de Lys, et ne constituait qu'un sort de charme mineur depuis longtemps dissipé : de la légitime défense en somme. Je rendis donc mon verdict solennellement devant les vigilants restants et la mage Olwen, et déclarai l'accusée non coupable des faits qui lui étaient reprochés, et ainsi libre de quitter les lieux. Le vigilant Malinar me remercia, puis le Caporal, qui était sorti entre-temps, revint convoquer ses soldats en réunion, ne me prêtant pas attention. Je restai seul avec la magicienne Olwen, qui n'avait pas proféré un seul mot. Elle semblait, de même que la vigilante Romane de Rosecroix, regretter que Tyr soit un peu effacé au profit de de la soldatesque. Elle tint surtout à me prévenir contre Lys, m'avertissant que l'archonte avait ressenti quelque chose de maléfique en elle. C'était bien la conclusion d'un procès qui avait peu à peu glissé de l'accusée vers la victime. Il faudrait sans doute qu'elle soit surveillée, car elle pourrait être dangereuse – on m'a parlé d'elfes comme Ilianestra qui pourraient l'aider, mais serait-ce suffisant ?
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