La Foi & le Coeur d'un paladin

[Écrit le 20 septembre 2010.]

L'atmosphère de la Sainte Chapelle de la Triade de Thola se faisait douce et apaisante, légèrement éclairée qu'elle était par les rayons de la pleine lune, qui pénétraient diffus et veloutés dans la grande salle au travers des vitraux sacrés, qui prenaient eux-même une teinte diaphane, mystique et fantasmagorique sous leur influence.

L'un de ces faisceaux oniriques enveloppait délicatement une silhouette qui se présentait humblement agenouillée sur les dalles de pierre froides, et nimbée dans un halo de pureté évanescente qui soulignait les aspirations de son âme, comme elle laissait deviner le bouleversement de son être. Vêtu d'une tunique immaculée à la fois simple et élégante, l'homme qui se tenait ainsi et qui paraissait encore jeune, levait de manière parfois extatique, parfois mélancolique, un visage dont les traits semblaient marqués par l'inquiétude, ou la quête d'une lumière qu'il ne parvenait pas à atteindre ni à comprendre.

C'était la Sainte Croix, à l'éclat doré rehaussé par quelques candélabres qui brûlaient encore à cette heure, que son regard marqué par la fatigue et par la veille implorait, et étreignait même à un point que c'en était presque palpable. Les mains dont les paumes étaient jointes fermement et les doigts repliés, recevaient parfois l'appui d'un visage qui s'abîmait soit dans le doute, soit dans la profondeur de la méditation. Mais, bien souvent, l'homme était comme inexorablement attiré par l'éclat des petites flammes des candélabres, et celles-ci se reflétaient dans ses yeux d'un bleu profond, doublées par une lueur intense et d'une nature indéfinissable.

« J'veux pas voir s'éteindre le brasier que vous avez allumé en moi. »

Alors qu'il songeait à ces paroles qui l'agitaient manifestement beaucoup, un soupire s'échappa de ses lèvres, tandis que son visage, d'abord crispé par une sorte d'angoisse, finit par se détendre, comme si l'homme avait trouvé la réponse à une question essentielle qu'il se posait depuis longtemps. Un sourire léger anima même ses traits pour en contrebalancer la pâleur, tandis qu'une lumière intérieure et chaleureuse se faisait jour.

« Hormis l'Honneur... il n'y a rien en quoi je crois davantage que vous. »

Roland de Jasperal se maintint encore agenouillé pendant un long moment, alors que ses traits s'étaient figés dans un contentement évident et qu'il ne parvenait pas à réfréner le sourire témoin de la joie qui s'était emparée de son âme et qui faisait bouillonner son cœur. Il décroisa ses mains qu'il laissa retomber lentement en effleurant ses cuisses, puis se releva comme un homme nouveau. Il avait puisé de la force dans la Foi mais aussi dans son Cœur, et paraissait goûter la puissance nouvelle qui l'animait à présent.

« C'est votre Cœur qui vous anime de... cette Bonté... et pas votre Foi qui en emplit votre Cœur. »

Le temps avait défilé à une vitesse insoupçonnée, car alors que le paladin se redressait et que son visage s'embellissait de la fierté qu'on y pouvait discerner, les premières lueurs de l'aube vinrent le darder de leurs rayons et l’anoblir, tout comme sa chevelure élégante retombant librement telle une crinière royale prenait un éclat plus chaleureux. Un grand sourire, franc et lumineux, accompagna la lueur qui transcenda l'océan de ses yeux, alors qu'il murmurait tout bas, intimement :

« Je renouvelle, solennellement, le serment des Dragons ! Que la lumière balaie nos doutes et tourne nos âmes et nos cœurs vers l'Espérance ! »

Puis, Roland de Jasperal parut goûter la douceur de ces mots et en tirer de la force tout comme de l'émotion, ce dernier sentiment prenant de plus en plus de place et donnant à ses traits une nuance de gravité. Fixant la vide, comme s'il cherchait à atteindre quelque chose ou quelqu'un qu'il ne pouvait voir mais dont il voulait sentir l'essence, il éleva très lentement la main droite pour la porter contre son cœur. La douceur s'additionna à la gravité quand il murmura encore plus imperceptiblement :

« Je m'engage solennellement à entretenir ce feu sacré de toute la force de mon âme.

Je serai là, Calypso. Je serai là. Pour toujours ! »


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