Historique de Gérault (Côte des Dragons)


Nom de compte IG : Mickaelus
Nom du PJ : Gérault de Jasperal
Date de création : 10 mars 2013
Race : humain
Classe(s) : paladin
Divinité(s) : Tyr
Domaines (Prêtre) : -
Arme(s) de prédilection(s) : épée longue
Alignement : loyal bon
Familier/Compagnon animal : -
Langues : commun

Caractéristiques au lvl 1 :

Force : 14
Dextérité : 10
Constitution : 14
Intelligence : 10
Sagesse : 14
Charisme : 16

Background :

Ce fut en une journée d'hiver qui délivrait une lumière annonciatrice d'un grand bienfait pour sa famille, que naquit au début de l'année 1350 Gérault de Jasperal, dans un manoir relativement modeste du quartier noble de la Cité des Splendeurs, Eauprofonde. Il était le troisième enfant de Thibaut de Jasperal, né en 1320 et de son épouse Constance, née de Castelroc en 1325.

Son père n'était autre qu'un paladin au service de Torm qui avait quitté son Cormyr natal depuis des années alors, et qui était issu d'une famille de la petite noblesse rurale des environs de Suzail, et plus précisément d'une branche cousine de celle qui détenait la baronnie de Jasperal, celle-là possédant une châtellenie voisine et alliée. Il s'agissait d'une lignée qui avait fourni à plusieurs reprises des chevaliers saints à la Triade et dont les cadets n'hésitaient pas à entreprendre des quêtes longues et dangereuses à travers tout le royaume forestier, voire même à l'étranger, laissant la gestion des domaines nobiliaires aux aînés de leurs familles. Cette habitude fleurant bon les mœurs féodales cormyriennes n'était pas sans s’accoutumer du service de la prestigieuse armée des Dragons Pourpres par certains des Jasperal, et toujours était-il que Thibaut, à l'instar de nobles d'une famille plus connue comme celle de Silversword, finit par vouloir éprouver sa vocation hors des frontières d'une patrie pourtant aimée, après son noviciat de Torm et après avoir accompli des missions aussi bien pour le clergé de Tyr et de la Triade locale que pour les Dragons Pourpres. Le jeune paladin de Torm, alors tout juste âgé de vingt années, voyagea vers l'ouest, découvrant les cités d'Iriaebor puis d'Elturel, avant de se fixer pour un an et demi à la Porte de Baldur, où il se perfectionna pendant ce temps avec le Poing enflammé du duc Eltan. Toutefois, il n'avait pas été sans ouïr maints récits sur le joyau du Nord, tel qu'on appelait alors Eauprofonde, et il lui tardait de constater si la cité pouvait rivaliser en éclat avec la noble Suzail de Cormyr aux hautes murailles. La grande ville cosmopolite ne manqua pas d'éblouir le torméen, mais ne laissa pas de l'inquiéter tout autant, car de cette profusion et de cette richesse naissaient nombre de menaces potentielles et fort dangereuses. Impressionné toutefois par la gestion politique du Seigneur découvert Piergeiron Paladinson depuis 1314, alors qu'il n'était pas sans pouvoir se départir d'un jugement un peu sévère sur l'oligarchie en place, il se résolut à entrer dans la garde municipale aquafondienne en 1342, ce qui ne posa pas de grandes difficultés, si l'on escomptait les mises à l'épreuve usuelles, du fait des recommandations du Poing enflammé. La Loyale Fureur étant ardente en Thibaut de Jasperal, il fut remarqué par le général Obryn Poingdefer grâce à son sens du devoir inaltérable, obtenant le grade d'armar (sergent). De plus, le paladin n'avait pas été sans entendre parler des légendes torméennes sur le Pur et sa monture draconique, si bien que les manœuvres de la Cavalerie griffon le faisaient secrètement rêver, lui qui avait jadis, au Cormyr, chevauché avec fougue les étalons paladinaux de l'ordre triadique. Cette dernière aptitude ne fut pas sans l'aider à capter la bienveillance du seigneur Moedt Belabranta, qui confia sa formation à l'un de ses civilars en l'aire du Pic après que Thibaut eût prêté à Eauprofonde le serment d'usage. Aux portes de l'année 1345, le paladin avait choisi de faire de la Cité des Splendeurs sa terre de vocation définitive.

La mère de Gérault, Constance, avait l'honneur d'appartenir à l'une de ces familles marchandes, de souche téthyrienne, qui avaient près d'un siècle auparavant acquis ses lettres de noblesse, sous le règne éclairé du premier seigneur d'Eauprofonde, Ahghairon. Les de Castelroc ne comptaient certes pas parmi les seigneurs les plus opulents de la cité, toutefois les membres de cette famille s'étaient tournés vers Tyr depuis bien des générations, si bien qu'à l'époque de la naissance de Gérault, cela constituait une tradition que peu auraient eu l'idée de remettre en cause. De fait, le patriarche de la famille, Girard, tout comme le père de Constance, Adhémar, avaient embrassé la voie du service de la Justice à travers celle de la magistrature ; tous les deux faisaient partie de ces vingt-six magisters à robe noire de la ville qui siégeaient aux Chambres des communes. Être magister relevait d'une grande dignité en Eauprofonde, ce qui se manifestait notamment par le fait que chacun d'entre eux était accompagné par six gardes municipaux ; il va donc sans dire que la jeune Constance grandit entourée d'une considération et d'une culture familiale qui favorisèrent ses bonnes manières, l'éveil d'un bon sens solide et d'une moralité sans failles. La charité et la dévotion, couplées à une douceur et à une beauté discrète et naturelle, n'étaient pas non plus les moindres de ses qualités ; la jeune fille avait fréquenté assidûment les Halls de Justice, s'imprégnant avec ferveur des préceptes de la sainte Loi et n'oubliant jamais la charité à accorder aux plus démunis. Constance avait également un frère du nom de Tristan, qui avait la particularité d'incarner les deux traditions de la famille de Castelroc ; car si cette dernière était vouée à la Justice, elle avait aussi et surtout prospéré depuis plusieurs générations grâce au dressage de coursiers réputés, ainsi qu'au moyen de la capture et de l'entraînement des fameux griffons qui donnaient un si bel avantage aérien à la Cité des Splendeurs – une activité qu'elle avait développé de concert avec une autre famille tyréenne, les Gundwynd, qui en avaient été les pionniers. Tristan, qui avait été formé par l'ordre de Samular comme paladin du Juste, n'en avait pas moins voulu entrer au terme de son noviciat dans la Cavalerie griffon, ce que sa noblesse lui permit ; ce fut dans le cadre d'une de ces patrouilles dans laquelle il venait d'être promu au rang d'armar, qu'il fit la connaissance de Thibaut de Jasperal, qu'il fut en charge de former et pour lequel il se prit d'affection.

Au fil des mois, l'amitié se développa tant et si bien que le père de Gérault finit par rencontrer sa future épouse, mais si les premiers regards eussent pu être tout de suite révélateurs pour un observateur avisé, les deux jeunes gens étaient tous deux si pleins de courtoisie et de réserve, qu'ils ne faisaient que songer l'un à l'autre sans s'oser rien dire. Cela continua ainsi jusqu'à cette nuit terrible connue comme la « Nuit des Temples Embrasés », quand en 1345, l'affrontement entre le temple de Shar d'un côté, ceux de Lathandre, Tempus et Séluné de l'autre, arriva à un point culminant qui agita vivement la cité. Thibaut de Jasperal, revêtu de sa cotte de mailles polie et du tabard traditionnel noir et or auréolé d'un griffon, était de ceux qui patrouillaient dans les cieux pour secourir au plus vite les bonnes gens qui s'étaient vus surprendre par les assauts soudains et décisifs des belligérants. Par un grand malheur imprévisible, Constance de Castelroc avait ce soir-là accompagné un groupe de triadistes partis faire la charité aux miséreux, et ils s'étaient trouvés pris entre deux feux au cours des affrontements violents qui avaient éclaté alors qu'ils s'en retournaient. Alors qu'une troupe de sharistes menaçait d'atteindre le recoin où les bienfaiteurs s'étaient retranchés tant bien que mal, Thibaut et les trois cavaliers-griffons de sa patrouille fondirent, leurs lances de feu baissées, sur les sharistes qu'ils dispersèrent tout en en tuant plusieurs sur le coup. Fortement ému par le danger comme par la délivrance de celle qu'il aimait depuis quelques mois déjà, non moins que ne le fut la demoiselle qui lui témoigna une vive reconnaissance, les sentiments détrônèrent un instant les convenances, les deux jeunes gens se serrant timidement dans leurs bras un bref instant. A partir de ce jour, Thibaut de Jasperal devint le prétendant officiel de la douce Constance, et même si le patriarche des Castelroc montra quelque réserve au départ du fait qu'il était aquafondien depuis très peu de temps, les états de service exemplaires, la droiture et la constance du paladin, tout comme l'insistance de son ami et futur beau-frère Tristan, permirent aux deux jeunes gens de s'épouser légitimement sous le regard de Tyr dans les Halls de Justice l'été de l'an 1346.

Les époux de Jasperal furent bénis du Pur et du Juste lorsqu'ils donnèrent naissance à un premier fils en 1347, Rollon, qui fut suivi d'une fille en 1349, Johanne, avant que ne naquît enfin Gérault, en 1350. Les trois enfants furent éduqués comme les héritiers d'une petite noblesse à la fois d'épée et de robe, car ils bénéficièrent à la fois des valeurs cormyriennes et de la droiture et de la rectitude morale de leur père, et des valeurs aquafondiennes de leur mère qui s'exprimaient par son sens de la justice tendant profondément vers le bien et le progrès moral d'autrui. Comme tous les enfants des familles aquafondiennes plus ou moins aisées, ils apprirent à lire et à écrire, des rudiments d'histoire, de langue et autres fondamentaux civiques d'alors ; tout cela à travers les services des Halls de Justice, dont la famille était très proche, assistant aux offices avec régularité et une ferveur sincère. Presque dix années s'écoulèrent ainsi après la naissance de leur premier enfant, et en 1356, Thibaut de Jasperal était devenu un cavalier-griffon confirmé, s'étant attiré l'estime de ses pairs et de ses supérieurs, assurant à la cité sa bravoure infaillible en compagnie de son ami inséparable, son beau-frère Tristan de Castelroc. L’ainé, Rollon, avait vu son esprit s'ouvrir aux bienfaits de la Loi, et en ses jeunes années était déjà perceptible ces dispositions qui lui feraient suivre la voie de la magistrature de ses aïeux maternels ; de son côté, la jeune Johanne, choyée par une mère aimante et à la beauté toujours rayonnante, belle incarnation de ces dames de la Cité des Splendeurs aux robes soyeuses, avait été touchée par l'esprit de charité de sa mère, et paraissait particulièrement sensible aux préceptes de l'ordre monastique de la Main Juste. Gérault, du haut de ses six ans, ressemblait un peu plus à son père, dont il avait hérité la belle chevelure dorée, même s'il avait les yeux d'un bleu profond de sa mère ; il n'avait justement d'yeux que pour les beaux coursiers de la famille, et s'émerveillait devant la monture de son père, ce griffon impressionnant qui était pourtant un allié indéfectible. C'était d'ailleurs heureux, car après des années relativement paisibles, Eauprofonde fut éprouvée cette année 1356 par la guerre Paldragon, qui conduisit à l'affrontement de gobelins et de diables, et fit partir Thibaut au siège du château du même nom pendant de longs mois. S'il y fut blessé, son unité se comporta si bien, qu'il acquit là son grade d'armar des cavaliers-griffons. Deux années plus tard, en 1358, les événements du Temps des Troubles touchèrent de plein fouet la Cité des Splendeurs, non seulement du fait des activités souterraines de l'avatar de Shar, mais surtout de l'attaque massive des légions de morts-vivants de Myrkul, composées en majeure partie par des zombis et ses tristement fameux Gardiens. Un combat fort difficile contraignit la Garde municipale comme la Cavalerie griffon à exploiter toutes leurs ressources et à consentir à des pertes bien sévères, toutefois le dénouement de la Crise des Avatars était proche : un Escalier céleste était situé en la Cité des Splendeurs et quand, grâce au courage des fameux mages Elminster et Khelben « bâton noir » Arunsun, comme de celle qui relèverait bientôt l'essence divine de Mystra, l'avatar de Myrkul fut désintégré en une explosion terrible à l'ouest de la cité, après qu'un cavalier-griffon l'en eût extirpé et que la magicienne l'eût téléporté, les aquafondiens parachevèrent leur victoire contre une horde qui n'avait plus de tête ni de sens. Malgré son jeune âge, Gérault regardait déjà son père comme un héros, le mettant en relation avec les récits chevaleresques, ce qui ne fut pas sans être partagé à leur manière par ses supérieurs, car Thibaut de Jasperal acquit, en pleine maturité de ses forces, le grade de civilar (capitaine) d'une patrouille de ces cavaliers-griffons qui avaient tant fait pour épargner la cité de l'horreur des non-morts.

Les dix années qui suivirent confirmèrent les vocations qui s'étaient déjà dessinées chez les enfants de Jasperal, si bien que Rollon devint un jeune adulte qui commença par seconder les magisters Girard et Adhémar de Castelroc tout en parfaisant sa connaissance du Code aquafondien, tandis que Johanne, tout aussi pieuse et noble que sa mère, continua à faire grandir son aura de bienfaisance en côtoyant et en assistant les prêtres et clercs du clergé de Tyr. Gérault, même s'il avait embrassé la voie de Tyr, du fait de sa force en Eauprofonde et parce qu'il était convaincu qu'il pouvait mêler la beauté de la Justice et de la Loi et l'aspiration chevaleresque, avait toujours conservé un grand respect pour la foi et l'incarnation torméenne de son père, qui n'avait jamais cessé de constituer un modèle. A travers toutes les épreuves traversées par la fameuse cité, comme la recrudescence des monstres de 1364, il l'avait vu se dresser avec les siens comme un rempart inébranlable auquel il voulait ressembler ; il s'entraîna avec lui comme avec son oncle Tristan, et il n'était pas exagéré de dire qu'assez jeune, le garçon ne déméritait guère quand il s'agissait de témoigner de son talent à monter un coursier des Castelroc. Toutefois, ce n'était pas vers les Cavaliers-griffons qu'il avait tourné son regard, ni même vers la Garde municipale qui servait si bien le seigneur Paladinson ; Gérault avait embrassé la même formation que son oncle Tristan, et s'était offert comme page, avec la bénédiction de sa famille, à l'ordre des Chevaliers de Samular, ce groupe de paladins de Tyr prestigieux fondé des siècles auparavant par un héros de la guerre des trolls. La formation dans un tel ordre était aussi exigeante qu'elle était fructueuse, car son idéal n'était autre qu'une application aussi stricte de la Loi que possible, et plusieurs de ses membres éminents n'avaient pas hésité à se trancher une main pour signifier l'adhésion totale au fait que le juste dût se sacrifier. Sous la houlette de Harkas Kormallis, les pages et les écuyers honorés par l'enseignement des paladins supérieurs des Halls de Justice, étaient amenés à comprendre que la défense de l'ordre ne souffrait pas de concessions, sous peine de trahir les idéaux de Tyr et d'amener la situation au chaos. Les Chevaliers de Samular étaient en définitive ce qu'on pouvait qualifier de traditionalistes, et cela d'autant plus quand son grand prêtre, le haut paladin Hykros Allumen, le Seigneur Martel, était un homme fort suspicieux quant aux interprétations jugées « modernes » de certains prêtres, comme quant aux clergés du sud s'en remettant à Anachtyr. Gérault en conçut une interprétation stricte du dogme tyréen, tempérée toutefois par la clairvoyance du haut paladin Kormallis qui s'en remettait au moins autant à la gloire de Tyr en soi qu'aux rites traditionnels.

Il arriva en tout cas qu'en 1368, alors que le jeune homme avait déjà acquis une belle prestance à travers ses dix-huit ans, tout comme un esprit rigoureux et volontaire, l'occasion se présenta pour lui de dépasser enfin le rang d'écuyer et d'entamer pleinement son accession au titre de chevalier de Samular, car il n'était pas possible d'y entrer sans avoir accompli une quête et d'avoir prouvé sa valeur. De plus, Gérault de Jasperal souhaitait encore en cela imiter son preux de père : toute la jeune aristocratie aquafondienne était en effet en effervescence, alors que s'était décidée une sorte de croisade visant à rétablir la monarchie au Téthyr. Avec un petit détachement de son ordre, l'aspirant paladin de Tyr entreprit donc ce voyage qui aboutit à la restauration du prince Haedrak sous le nom d'Haedrak III, de concert avec la reine Zaranda Étoile Rhindaun. Les compétences de cavalier du jeune homme avaient fait merveille là-bas, et il n'avait fait montre d'aucune peur, comme d'aucune pitié envers les mécréants et les fauteurs de trouble ; mieux encore, le Juste l'avait préservé pour qu'il rentrât à Eauprofonde sain et sauf avec les siens. Ce fut une expérience déterminante pour Gérault, car non seulement il fut consacré écuyer du paladin Algorind, ce qui fut un grand honneur, mais cela réveilla aussi, en écho à son père, cette réflexion sur le régime monarchique et sur sa conformité avec la Loi voulue par Tyr. La vaillance du tout nouvel écuyer de Samular fut rapidement éprouvée, car l'année 1369 confronta les forces coalisées d'Eauprofonde à une déferlante de créatures aquatiques qui mirent les défenses à rude épreuve, puis une crise due à un sceau brisé occasionna d'autres vagues monstrueuses ; en tant qu'écuyer tyréen, Gérault de Jasperal dut grandir plus vite que tout un chacun, si bien qu'à dix-neuf ans il affichait déjà la gravité d'un homme qui avait vécu des événements difficiles et mesurait la valeur de la vie. Il n'en demeurait pas moins vrai que sa sévérité recelait une bienveillance sincère, entretenue par les conversations avec une sœur qui l'inspirait toujours de par sa pureté, et que son frère aîné savait guider et donner sens à ses ardeurs et à son enthousiasme tout comme les magisters de Castelroc.

Enfin, peu après, après avoir appris à affûter son esprit autant que son corps, car le serviteur de Tyr se devait de discerner la Vérité en toute chose comme de prévenir le Mal, Gérault entreprit la « Veillée d'armes » qui devait précéder sa consécration comme paladin de Tyr et son admission comme chevalier de l'ordre de Samular. Au sein des Halls de Justice, il se dépouilla de ses vêtements et prit un bain, pour rejeter toute souillure et tout mal et se présenter pur et immaculé le jour de la cérémonie, comme l'enfant qui vient au monde, ce après quoi le jeune homme se confessa et entendit une messe, les prières et la méditation illuminant toute la sainte nuit ensuite. Au lendemain, Gérault de Jasperal était revêtu d'un habit de lin blanc, et assisté par deux parrains de son ordre, dont Algorind, nimbé et comme auréolé par la lumière émanant des vitraux des Halls de Justice. Il fut paré d'une armure de paladin de Tyr par les deux chevaliers, puis Hykros Allumen, devant l'autel orné d'une balance symbolisant la sainte et infaillible Justice, leva les bras en signe d'adoration et bénit une épée par ces mots : « Seigneur Tyr, nous t'en supplions, exauce nos prières, daigne bénir ce glaive, dont ton serviteur désire être armé, pour qu'il puisse défendre et protéger tes églises, les veuves, les orphelins, et tous les serviteurs de Ton Nom. » Gérault, humblement agenouillé, fut alors ceint de l'épée après en avoir été frappé trois fois, et se releva : il était désormais paladin de Tyr. Le Seigneur Martel termina la cérémonie en rappelant les commandements du paladin, que le nouveau venu dans l'ordre répéta chacun solennellement : « 1. Tu croiras à tout ce qu'enseigne l’Église de Tyr, et observeras ses commandements ; 2. Tu protégeras l’Église de Tyr, et celles de la Triade ; 3. Tu respecteras et défendras toutes les faiblesses ; 4. Tu aimeras le pays où tu es né ou celui que Tyr t'amènera à servir ; 5. Tu ne reculeras pas devant l'ennemi ; 6. Tu feras aux infidèles une guerre sans trêve ; 7. Tu t'acquitteras exactement de tes devoirs envers ton souverain ; 8. Tu ne mentiras point et seras fidèle à ta parole ; 9. Tu feras largesse à tous ; 10. Tu tâcheras de faire tout bien et de combattre tout mal. »

Les deux années qui suivirent permirent à Gérault de Jasperal de développer comme de confirmer son potentiel, devenant un cavalier émérite, son destrier Vifazur acquérant même quelque renommée dans la métropole, et effectuant de nombreuses missions en soutien de la Garde municipale et des Cavaliers-griffons contre les diverses menaces qui ne manquaient pas de survenir ; les dangers des marches de la ville, les complots et les intrigues des temples de Shar, de la Garce et de Loviatar, sans compter toutes les guildes souterraines de la Cité, tout cela amplifiait une vocation paladinale nécessaire et sans concession, constamment mise au défi. Les parents du paladin étaient fiers de lui, Thibaut, qui était aux portes de la vieillesse, se voyant revivre dans l'ardeur grave de son fils, Constance, retrouvant sa bienveillance dans les intentions de Gérault. Toutefois, certaines menaces plus sourdes guettaient au sein de l'ordre de Samular, notamment en la personne de Gareth Cormaeril qui, s'il était l'ancien mentor d'Algorind et un descendant d'une famille cormyrienne, n'en était pas moins un vieux paladin corrompu par le Prince des mensonges dont personne n'avait encore perçu la trahison. Il guettait dans l'ombre certains des éléments les plus prometteurs, distillant des embûches prudentes en leur carrière au moyen de quêtes inutiles ou dangereuses, afin de les éloigner imperceptiblement du service véritable de Tyr – ainsi l'avait-il tenté avec Algorind, avec plus ou moins de succès fut un temps. Sire Cormaeril voyait avec peu de plaisir s'affirmer la lumière intransigeante en Gérault, aussi lui confia-t-il une mission qui, en accord avec les instances dirigeantes de l'ordre de Samular, devait le détacher temporairement d'icelui pour lui faire embrasser celui de paladin errant de l'ordre afin d'aller éprouver ses forces par un voyage initiatique de quelques années pour le moins. Cela permit au tout jeune paladin de faire ses armes en découvrant les lieux dans lesquels son père avait servi, comme la Porte de Baldur au sud, et surtout le royaume du Cormyr à l'est, poussant même jusqu'au lointain Turmish pour y faire le pèlerinage du lieu d'apparition du Juste en - 247. Quoi qu'il eût fort apprécié le service au Cormyr, il avait entendu parler de cette contrée du sud, enchevêtrement de cité états et de groupuscules, où le nom de Tyr avait fort peu d'influence ; il estima qu'un tel voyage devrait encore achever d'éprouver sa foi.


Description physique et psychologique :

Gérault de Jasperal est un homme grand, mesurant environ 1,80 m, dont la musculature développée évoque un entraînement martial s'étant pratiqué et mûri sur plusieurs années, tandis que sa carrure, sans être à proprement parler impressionnante, n'en demeure pas moins respectable. Son attitude et sa prestance témoignent, sans que cela paraisse cultivé, d'une origine sociale possiblement noble, tout du moins relativement aisée, ce que ne contredit en rien sa manière de s'exprimer, qui se veut précise ou agréable selon les circonstances et les interlocuteurs, toujours assez raffinée sans qu'elle n'en soit précieuse cependant. Son visage présente des traits assez fins et dégage un charme tout masculin fait d'une conviction intérieure qu'on devine forte, alors que son expression n'apparaît pas comme chaleureuse au premier abord, mais comme grave, sérieuse, avec une pointe de concentration et de méditation ; on ne le peut voir sourire qu'assez légèrement et finement la plupart du temps, mais dans tous les cas c'est l'assurance d'une sincérité inébranlable qui émane de ce qu'il accorde à ceux qui lui font face. Tout cela est confirmé par un regard d'un bleu profond qui peut paraître sévère et scruter qui lui fait face, mais sans que cela soit insistant au point d'en être discourtois ; cette intensité que l'on ressent dans tout son être, accouplée à une réserve et à une maîtrise qui en policent l'énergie, transparaît dans une petite étincelle qui anime ses yeux d'une ferveur certaine. Le charme grave et un peu suranné de l'homme, qui paraît au milieu de la vingtaine, est relevé par une chevelure mi-longue d'un blond solaire, soigneusement peignée, tandis que son visage est orné d'une barbe finement taillée.

Gérault détient un tempérament qui est le fruit de la combinaison de ses héritages familiaux et de son engagement chevaleresque et religieux. Il a en lui le sens du devoir et le courage inébranlable de son père, de même que le sens de ses actes est guidé nécessairement par les préceptes de Tyr, qui définissent et circonscrivent les modalités d'un comportement juste, source de Bien et donc, pour autrui, de cette charité propre à sa mère, autre manière de dévouement. La formation dans l'ordre de Samular a fait du jeune paladin un homme aux valeurs traditionnelles, le rendant suspicieux quant aux innovations et aux déviations, que ce soit sur le plan de la morale ou du culte. Ses racines cormyriennes du côté de son père et son expédition au Téthyr, l'ont fait réfléchir sur les coutumes politiques d'Eauprofonde, du Cormyr, du Téthyr, et sur leur conformité avec la Loi du Juste. D'un point de vue paladinal, Gérault est un tyréen qui estime que la loi juste doit être appliquée sans concession, et qu'occire un mécréant est une offrande faite à son dieu. Car c'est dans le défi à ses valeurs et à son dieu que l'on peut susciter un courroux chevaleresque et une sorte de violence, qui fait exception à son attitude habituelle, faite d'un sérieux un peu sur la réserve, qui ne le poussera pas toujours à se mettre en avant, ce qu'il n'hésitera toutefois pas à faire dans les moments importants. Gérault voit les relations avec autrui dans la même perspective élitiste que son service de Tyr : l'amitié est un noble dévouement à autrui qui ne souffre pas de trahison, tandis que l'amour est vu comme un don de l'âme et un engagement devant les dieux. Le jeune paladin est quelqu'un qui s'efforce d'appliquer les préceptes de la courtoisie, et qui peut se montrer chaleureux et témoigner de la compassion pour qui s'en montre digne et le mérite. Il s'estimerait de manière générale indigne de continuer à servir Tyr et donc de vivre, s'il trahissait volontairement les vertus du code paladinal.

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