Nom de compte IG : Mickaelus
Nom du PJ : Gérault de Jasperal
Date de création : 10 mars 2013
Race : humain
Classe(s) : paladin
Divinité(s) : Tyr
Domaines (Prêtre) : -
Arme(s) de prédilection(s) : épée longue
Alignement : loyal bon
Familier/Compagnon animal : -
Langues : commun
Caractéristiques au lvl 1 :
Force : 14
Dextérité : 10
Constitution : 14
Intelligence : 10
Sagesse : 14
Charisme : 16
Background :
Ce fut en une journée
d'hiver qui délivrait une lumière annonciatrice d'un grand bienfait
pour sa famille, que naquit au début de l'année 1350 Gérault de
Jasperal, dans un manoir relativement modeste du quartier noble de la
Cité des Splendeurs, Eauprofonde. Il était le troisième enfant de
Thibaut de Jasperal, né en 1320 et de son épouse Constance, née de
Castelroc en 1325.
Son père n'était autre
qu'un paladin au service de Torm qui avait quitté son Cormyr natal
depuis des années alors, et qui était issu d'une famille de la
petite noblesse rurale des environs de Suzail, et plus précisément
d'une branche cousine de celle qui détenait la baronnie de Jasperal,
celle-là possédant une châtellenie voisine et alliée. Il
s'agissait d'une lignée qui avait fourni à plusieurs reprises des
chevaliers saints à la Triade et dont les cadets n'hésitaient pas à
entreprendre des quêtes longues et dangereuses à travers tout le
royaume forestier, voire même à l'étranger, laissant la gestion
des domaines nobiliaires aux aînés de leurs familles. Cette
habitude fleurant bon les mœurs féodales cormyriennes n'était pas
sans s’accoutumer du service de la prestigieuse armée des Dragons
Pourpres par certains des Jasperal, et toujours était-il que
Thibaut, à l'instar de nobles d'une famille plus connue comme celle
de Silversword, finit par vouloir éprouver sa vocation hors des
frontières d'une patrie pourtant aimée, après son noviciat de Torm
et après avoir accompli des missions aussi bien pour le clergé de
Tyr et de la Triade locale que pour les Dragons Pourpres. Le jeune
paladin de Torm, alors tout juste âgé de vingt années, voyagea
vers l'ouest, découvrant les cités d'Iriaebor puis d'Elturel, avant
de se fixer pour un an et demi à la Porte de Baldur, où il se
perfectionna pendant ce temps avec le Poing enflammé du duc Eltan.
Toutefois, il n'avait pas été sans ouïr maints récits sur le
joyau du Nord, tel qu'on appelait alors Eauprofonde, et il lui
tardait de constater si la cité pouvait rivaliser en éclat avec la
noble Suzail de Cormyr aux hautes murailles. La grande ville
cosmopolite ne manqua pas d'éblouir le torméen, mais ne laissa pas
de l'inquiéter tout autant, car de cette profusion et de cette
richesse naissaient nombre de menaces potentielles et fort
dangereuses. Impressionné toutefois par la gestion politique du
Seigneur découvert Piergeiron Paladinson depuis 1314, alors qu'il
n'était pas sans pouvoir se départir d'un jugement un peu sévère
sur l'oligarchie en place, il se résolut à entrer dans la garde
municipale aquafondienne en 1342, ce qui ne posa pas de grandes
difficultés, si l'on escomptait les mises à l'épreuve usuelles, du
fait des recommandations du Poing enflammé. La Loyale Fureur étant
ardente en Thibaut de Jasperal, il fut remarqué par le général
Obryn Poingdefer grâce à son sens du devoir inaltérable, obtenant
le grade d'armar (sergent). De plus, le paladin n'avait pas été
sans entendre parler des légendes torméennes sur le Pur et sa
monture draconique, si bien que les manœuvres de la Cavalerie
griffon le faisaient secrètement rêver, lui qui avait jadis, au
Cormyr, chevauché avec fougue les étalons paladinaux de l'ordre
triadique. Cette dernière aptitude ne fut pas sans l'aider à capter
la bienveillance du seigneur Moedt Belabranta, qui confia sa
formation à l'un de ses civilars en l'aire du Pic après que Thibaut
eût prêté à Eauprofonde le serment d'usage. Aux portes de l'année
1345, le paladin avait choisi de faire de la Cité des Splendeurs sa
terre de vocation définitive.
La mère de Gérault,
Constance, avait l'honneur d'appartenir à l'une de ces familles
marchandes, de souche téthyrienne, qui avaient près d'un siècle
auparavant acquis ses lettres de noblesse, sous le règne éclairé
du premier seigneur d'Eauprofonde, Ahghairon. Les de Castelroc ne
comptaient certes pas parmi les seigneurs les plus opulents de la
cité, toutefois les membres de cette famille s'étaient tournés
vers Tyr depuis bien des générations, si bien qu'à l'époque de la
naissance de Gérault, cela constituait une tradition que peu
auraient eu l'idée de remettre en cause. De fait, le patriarche de
la famille, Girard, tout comme le père de Constance, Adhémar,
avaient embrassé la voie du service de la Justice à travers celle
de la magistrature ; tous les deux faisaient partie de ces
vingt-six magisters à robe noire de la ville qui siégeaient aux
Chambres des communes. Être magister relevait d'une grande dignité
en Eauprofonde, ce qui se manifestait notamment par le fait que
chacun d'entre eux était accompagné par six gardes municipaux ;
il va donc sans dire que la jeune Constance grandit entourée d'une
considération et d'une culture familiale qui favorisèrent ses
bonnes manières, l'éveil d'un bon sens solide et d'une moralité
sans failles. La charité et la dévotion, couplées à une douceur
et à une beauté discrète et naturelle, n'étaient pas non plus les
moindres de ses qualités ; la jeune fille avait fréquenté
assidûment les Halls de Justice, s'imprégnant avec ferveur des
préceptes de la sainte Loi et n'oubliant jamais la charité à
accorder aux plus démunis. Constance avait également un frère du
nom de Tristan, qui avait la particularité d'incarner les deux
traditions de la famille de Castelroc ; car si cette dernière
était vouée à la Justice, elle avait aussi et surtout prospéré
depuis plusieurs générations grâce au dressage de coursiers
réputés, ainsi qu'au moyen de la capture et de l'entraînement des
fameux griffons qui donnaient un si bel avantage aérien à la Cité
des Splendeurs – une activité qu'elle avait développé de concert
avec une autre famille tyréenne, les Gundwynd, qui en avaient été
les pionniers. Tristan, qui avait été formé par l'ordre de Samular
comme paladin du Juste, n'en avait pas moins voulu entrer au terme de
son noviciat dans la Cavalerie griffon, ce que sa noblesse lui
permit ; ce fut dans le cadre d'une de ces patrouilles dans
laquelle il venait d'être promu au rang d'armar, qu'il fit la
connaissance de Thibaut de Jasperal, qu'il fut en charge de former et
pour lequel il se prit d'affection.
Au fil des mois, l'amitié
se développa tant et si bien que le père de Gérault finit par
rencontrer sa future épouse, mais si les premiers regards eussent pu
être tout de suite révélateurs pour un observateur avisé, les
deux jeunes gens étaient tous deux si pleins de courtoisie et de
réserve, qu'ils ne faisaient que songer l'un à l'autre sans s'oser
rien dire. Cela continua ainsi jusqu'à cette nuit terrible connue
comme la « Nuit des Temples Embrasés », quand en 1345,
l'affrontement entre le temple de Shar d'un côté, ceux de
Lathandre, Tempus et Séluné de l'autre, arriva à un point
culminant qui agita vivement la cité. Thibaut de Jasperal, revêtu
de sa cotte de mailles polie et du tabard traditionnel noir et or
auréolé d'un griffon, était de ceux qui patrouillaient dans les
cieux pour secourir au plus vite les bonnes gens qui s'étaient vus
surprendre par les assauts soudains et décisifs des belligérants.
Par un grand malheur imprévisible, Constance de Castelroc avait ce
soir-là accompagné un groupe de triadistes partis faire la charité
aux miséreux, et ils s'étaient trouvés pris entre deux feux au
cours des affrontements violents qui avaient éclaté alors qu'ils
s'en retournaient. Alors qu'une troupe de sharistes menaçait
d'atteindre le recoin où les bienfaiteurs s'étaient retranchés
tant bien que mal, Thibaut et les trois cavaliers-griffons de sa
patrouille fondirent, leurs lances de feu baissées, sur les
sharistes qu'ils dispersèrent tout en en tuant plusieurs sur le
coup. Fortement ému par le danger comme par la délivrance de celle
qu'il aimait depuis quelques mois déjà, non moins que ne le fut la
demoiselle qui lui témoigna une vive reconnaissance, les sentiments
détrônèrent un instant les convenances, les deux jeunes gens se
serrant timidement dans leurs bras un bref instant. A partir de ce
jour, Thibaut de Jasperal devint le prétendant officiel de la douce
Constance, et même si le patriarche des Castelroc montra quelque
réserve au départ du fait qu'il était aquafondien depuis très peu
de temps, les états de service exemplaires, la droiture et la
constance du paladin, tout comme l'insistance de son ami et futur
beau-frère Tristan, permirent aux deux jeunes gens de s'épouser
légitimement sous le regard de Tyr dans les Halls de Justice l'été
de l'an 1346.
Les époux de Jasperal
furent bénis du Pur et du Juste lorsqu'ils donnèrent naissance à
un premier fils en 1347, Rollon, qui fut suivi d'une fille en 1349,
Johanne, avant que ne naquît enfin Gérault, en 1350. Les trois
enfants furent éduqués comme les héritiers d'une petite noblesse à
la fois d'épée et de robe, car ils bénéficièrent à la fois des
valeurs cormyriennes et de la droiture et de la rectitude morale de
leur père, et des valeurs aquafondiennes de leur mère qui
s'exprimaient par son sens de la justice tendant profondément vers
le bien et le progrès moral d'autrui. Comme tous les enfants des
familles aquafondiennes plus ou moins aisées, ils apprirent à lire
et à écrire, des rudiments d'histoire, de langue et autres
fondamentaux civiques d'alors ; tout cela à travers les
services des Halls de Justice, dont la famille était très proche,
assistant aux offices avec régularité et une ferveur sincère.
Presque dix années s'écoulèrent ainsi après la naissance de leur
premier enfant, et en 1356, Thibaut de Jasperal était devenu un
cavalier-griffon confirmé, s'étant attiré l'estime de ses pairs et
de ses supérieurs, assurant à la cité sa bravoure infaillible en
compagnie de son ami inséparable, son beau-frère Tristan de
Castelroc. L’ainé, Rollon, avait vu son esprit s'ouvrir aux
bienfaits de la Loi, et en ses jeunes années était déjà
perceptible ces dispositions qui lui feraient suivre la voie de la
magistrature de ses aïeux maternels ; de son côté, la jeune
Johanne, choyée par une mère aimante et à la beauté toujours
rayonnante, belle incarnation de ces dames de la Cité des Splendeurs
aux robes soyeuses, avait été touchée par l'esprit de charité de
sa mère, et paraissait particulièrement sensible aux préceptes de
l'ordre monastique de la Main Juste. Gérault, du haut de ses six
ans, ressemblait un peu plus à son père, dont il avait hérité la
belle chevelure dorée, même s'il avait les yeux d'un bleu profond
de sa mère ; il n'avait justement d'yeux que pour les beaux
coursiers de la famille, et s'émerveillait devant la monture de son
père, ce griffon impressionnant qui était pourtant un allié
indéfectible. C'était d'ailleurs heureux, car après des années
relativement paisibles, Eauprofonde fut éprouvée cette année 1356
par la guerre Paldragon, qui conduisit à l'affrontement de gobelins
et de diables, et fit partir Thibaut au siège du château du même
nom pendant de longs mois. S'il y fut blessé, son unité se comporta
si bien, qu'il acquit là son grade d'armar des cavaliers-griffons.
Deux années plus tard, en 1358, les événements du Temps des
Troubles touchèrent de plein fouet la Cité des Splendeurs, non
seulement du fait des activités souterraines de l'avatar de Shar,
mais surtout de l'attaque massive des légions de morts-vivants de
Myrkul, composées en majeure partie par des zombis et ses tristement
fameux Gardiens. Un combat fort difficile contraignit la Garde
municipale comme la Cavalerie griffon à exploiter toutes leurs
ressources et à consentir à des pertes bien sévères, toutefois le
dénouement de la Crise des Avatars était proche : un Escalier
céleste était situé en la Cité des Splendeurs et quand, grâce au
courage des fameux mages Elminster et Khelben « bâton noir »
Arunsun, comme de celle qui relèverait bientôt l'essence divine de
Mystra, l'avatar de Myrkul fut désintégré en une explosion
terrible à l'ouest de la cité, après qu'un cavalier-griffon l'en
eût extirpé et que la magicienne l'eût téléporté, les
aquafondiens parachevèrent leur victoire contre une horde qui
n'avait plus de tête ni de sens. Malgré son jeune âge, Gérault
regardait déjà son père comme un héros, le mettant en relation
avec les récits chevaleresques, ce qui ne fut pas sans être partagé
à leur manière par ses supérieurs, car Thibaut de Jasperal acquit,
en pleine maturité de ses forces, le grade de civilar (capitaine)
d'une patrouille de ces cavaliers-griffons qui avaient tant fait pour
épargner la cité de l'horreur des non-morts.
Les dix années qui
suivirent confirmèrent les vocations qui s'étaient déjà dessinées
chez les enfants de Jasperal, si bien que Rollon devint un jeune
adulte qui commença par seconder les magisters Girard et Adhémar de
Castelroc tout en parfaisant sa connaissance du Code aquafondien,
tandis que Johanne, tout aussi pieuse et noble que sa mère, continua
à faire grandir son aura de bienfaisance en côtoyant et en
assistant les prêtres et clercs du clergé de Tyr. Gérault, même
s'il avait embrassé la voie de Tyr, du fait de sa force en
Eauprofonde et parce qu'il était convaincu qu'il pouvait mêler la
beauté de la Justice et de la Loi et l'aspiration chevaleresque,
avait toujours conservé un grand respect pour la foi et
l'incarnation torméenne de son père, qui n'avait jamais cessé de
constituer un modèle. A travers toutes les épreuves traversées par
la fameuse cité, comme la recrudescence des monstres de 1364, il
l'avait vu se dresser avec les siens comme un rempart inébranlable
auquel il voulait ressembler ; il s'entraîna avec lui comme
avec son oncle Tristan, et il n'était pas exagéré de dire qu'assez
jeune, le garçon ne déméritait guère quand il s'agissait de
témoigner de son talent à monter un coursier des Castelroc.
Toutefois, ce n'était pas vers les Cavaliers-griffons qu'il avait
tourné son regard, ni même vers la Garde municipale qui servait si
bien le seigneur Paladinson ; Gérault avait embrassé la même
formation que son oncle Tristan, et s'était offert comme page, avec
la bénédiction de sa famille, à l'ordre des Chevaliers de Samular,
ce groupe de paladins de Tyr prestigieux fondé des siècles
auparavant par un héros de la guerre des trolls. La formation dans
un tel ordre était aussi exigeante qu'elle était fructueuse, car
son idéal n'était autre qu'une application aussi stricte de la Loi
que possible, et plusieurs de ses membres éminents n'avaient pas
hésité à se trancher une main pour signifier l'adhésion totale au
fait que le juste dût se sacrifier. Sous la houlette de Harkas
Kormallis, les pages et les écuyers honorés par l'enseignement des
paladins supérieurs des Halls de Justice, étaient amenés à
comprendre que la défense de l'ordre ne souffrait pas de
concessions, sous peine de trahir les idéaux de Tyr et d'amener la
situation au chaos. Les Chevaliers de Samular étaient en définitive
ce qu'on pouvait qualifier de traditionalistes, et cela d'autant plus
quand son grand prêtre, le haut paladin Hykros Allumen, le Seigneur
Martel, était un homme fort suspicieux quant aux interprétations
jugées « modernes » de certains prêtres, comme quant
aux clergés du sud s'en remettant à Anachtyr. Gérault en conçut
une interprétation stricte du dogme tyréen, tempérée toutefois
par la clairvoyance du haut paladin Kormallis qui s'en remettait au
moins autant à la gloire de Tyr en soi qu'aux rites traditionnels.
Il arriva en tout cas
qu'en 1368, alors que le jeune homme avait déjà acquis une belle
prestance à travers ses dix-huit ans, tout comme un esprit rigoureux
et volontaire, l'occasion se présenta pour lui de dépasser enfin le
rang d'écuyer et d'entamer pleinement son accession au titre de
chevalier de Samular, car il n'était pas possible d'y entrer sans
avoir accompli une quête et d'avoir prouvé sa valeur. De plus,
Gérault de Jasperal souhaitait encore en cela imiter son preux de
père : toute la jeune aristocratie aquafondienne était en
effet en effervescence, alors que s'était décidée une sorte de
croisade visant à rétablir la monarchie au Téthyr. Avec un petit
détachement de son ordre, l'aspirant paladin de Tyr entreprit donc
ce voyage qui aboutit à la restauration du prince Haedrak sous le
nom d'Haedrak III, de concert avec la reine Zaranda Étoile Rhindaun.
Les compétences de cavalier du jeune homme avaient fait merveille
là-bas, et il n'avait fait montre d'aucune peur, comme d'aucune
pitié envers les mécréants et les fauteurs de trouble ; mieux
encore, le Juste l'avait préservé pour qu'il rentrât à
Eauprofonde sain et sauf avec les siens. Ce fut une expérience
déterminante pour Gérault, car non seulement il fut consacré
écuyer du paladin Algorind, ce qui fut un grand honneur, mais cela
réveilla aussi, en écho à son père, cette réflexion sur le
régime monarchique et sur sa conformité avec la Loi voulue par Tyr.
La vaillance du tout nouvel écuyer de Samular fut rapidement
éprouvée, car l'année 1369 confronta les forces coalisées
d'Eauprofonde à une déferlante de créatures aquatiques qui mirent
les défenses à rude épreuve, puis une crise due à un sceau brisé
occasionna d'autres vagues monstrueuses ; en tant qu'écuyer
tyréen, Gérault de Jasperal dut grandir plus vite que tout un
chacun, si bien qu'à dix-neuf ans il affichait déjà la gravité
d'un homme qui avait vécu des événements difficiles et mesurait la
valeur de la vie. Il n'en demeurait pas moins vrai que sa sévérité
recelait une bienveillance sincère, entretenue par les conversations
avec une sœur qui l'inspirait toujours de par sa pureté, et que son
frère aîné savait guider et donner sens à ses ardeurs et à son
enthousiasme tout comme les magisters de Castelroc.
Enfin, peu après, après
avoir appris à affûter son esprit autant que son corps, car le
serviteur de Tyr se devait de discerner la Vérité en toute chose
comme de prévenir le Mal, Gérault entreprit la « Veillée
d'armes » qui devait précéder sa consécration comme paladin
de Tyr et son admission comme chevalier de l'ordre de Samular. Au
sein des Halls de Justice, il se dépouilla de
ses vêtements et prit un bain, pour rejeter toute souillure et tout
mal et se présenter pur et immaculé le jour de la cérémonie,
comme l'enfant qui vient au monde, ce après quoi le jeune homme se
confessa et entendit une messe, les prières et la méditation
illuminant toute la sainte nuit ensuite. Au lendemain, Gérault
de Jasperal était revêtu d'un habit de lin blanc, et assisté par
deux parrains de son ordre, dont Algorind, nimbé et comme auréolé
par la lumière émanant des vitraux des Halls de Justice. Il fut
paré d'une armure de paladin de Tyr par les deux chevaliers, puis
Hykros Allumen, devant l'autel orné d'une balance symbolisant la
sainte et infaillible Justice, leva les bras en signe d'adoration et
bénit une épée par ces mots : « Seigneur Tyr, nous t'en
supplions, exauce nos prières, daigne bénir ce glaive, dont ton
serviteur désire être armé, pour qu'il puisse défendre et
protéger tes églises, les veuves, les orphelins, et tous les
serviteurs de Ton Nom. » Gérault, humblement agenouillé, fut
alors ceint de l'épée après en avoir été frappé trois fois, et
se releva : il était désormais paladin de Tyr. Le Seigneur Martel
termina la cérémonie en rappelant les commandements du paladin, que
le nouveau venu dans l'ordre répéta chacun solennellement : « 1.
Tu croiras à tout ce qu'enseigne l’Église de Tyr, et observeras
ses commandements ; 2. Tu protégeras l’Église de Tyr, et celles
de la Triade ; 3. Tu respecteras et défendras toutes les faiblesses
; 4. Tu aimeras le pays où tu es né ou celui que Tyr t'amènera à
servir ; 5. Tu ne reculeras pas devant l'ennemi ; 6. Tu feras aux
infidèles une guerre sans trêve ; 7. Tu t'acquitteras exactement de
tes devoirs envers ton souverain ; 8. Tu ne mentiras point et seras
fidèle à ta parole ; 9. Tu feras largesse à tous ; 10. Tu tâcheras
de faire tout bien et de combattre tout mal. »
Les
deux années qui suivirent permirent à Gérault de Jasperal de
développer comme de confirmer son potentiel, devenant un cavalier
émérite, son destrier Vifazur acquérant même quelque renommée
dans la métropole, et effectuant de nombreuses missions en soutien
de la Garde municipale et des Cavaliers-griffons contre les diverses
menaces qui ne manquaient pas de survenir ; les dangers des
marches de la ville, les complots et les intrigues des temples de
Shar, de la Garce et de Loviatar, sans compter toutes les guildes
souterraines de la Cité, tout cela amplifiait une vocation
paladinale nécessaire et sans concession, constamment mise au défi.
Les parents du paladin étaient fiers de lui, Thibaut, qui était aux
portes de la vieillesse, se voyant revivre dans l'ardeur grave de son
fils, Constance, retrouvant sa bienveillance dans les intentions de
Gérault. Toutefois, certaines menaces plus sourdes guettaient au
sein de l'ordre de Samular, notamment en la personne de Gareth
Cormaeril qui, s'il était l'ancien mentor d'Algorind et un
descendant d'une famille cormyrienne, n'en était pas moins un vieux
paladin corrompu par le Prince des mensonges dont personne n'avait
encore perçu la trahison. Il guettait dans l'ombre certains des
éléments les plus prometteurs, distillant des embûches prudentes
en leur carrière au moyen de quêtes inutiles ou dangereuses, afin
de les éloigner imperceptiblement du service véritable de Tyr –
ainsi l'avait-il tenté avec Algorind, avec plus ou moins de succès
fut un temps. Sire Cormaeril voyait avec peu de plaisir s'affirmer la
lumière intransigeante en Gérault, aussi lui confia-t-il une
mission qui, en accord avec les instances dirigeantes de l'ordre de
Samular, devait le détacher temporairement d'icelui pour lui faire
embrasser celui de paladin errant de l'ordre afin d'aller éprouver
ses forces par un voyage initiatique de quelques années pour le
moins. Cela permit au tout jeune paladin de faire ses armes en
découvrant les lieux dans lesquels son père avait servi, comme la
Porte de Baldur au sud, et surtout le royaume du Cormyr à l'est,
poussant même jusqu'au lointain Turmish pour y faire le pèlerinage
du lieu d'apparition du Juste en - 247. Quoi qu'il eût fort apprécié
le service au Cormyr, il avait entendu parler de cette contrée du
sud, enchevêtrement de cité états et de groupuscules, où le nom
de Tyr avait fort peu d'influence ; il estima qu'un tel voyage
devrait encore achever d'éprouver sa foi.
Description physique et
psychologique :
Gérault de Jasperal est un
homme grand, mesurant environ 1,80 m, dont la musculature développée
évoque un entraînement martial s'étant pratiqué et mûri sur
plusieurs années, tandis que sa carrure, sans être à proprement
parler impressionnante, n'en demeure pas moins respectable. Son
attitude et sa prestance témoignent, sans que cela paraisse cultivé,
d'une origine sociale possiblement noble, tout du moins relativement
aisée, ce que ne contredit en rien sa manière de s'exprimer, qui se
veut précise ou agréable selon les circonstances et les
interlocuteurs, toujours assez raffinée sans qu'elle n'en soit
précieuse cependant. Son visage présente des traits assez fins et
dégage un charme tout masculin fait d'une conviction intérieure
qu'on devine forte, alors que son expression n'apparaît pas comme
chaleureuse au premier abord, mais comme grave, sérieuse, avec une
pointe de concentration et de méditation ; on ne le peut voir
sourire qu'assez légèrement et finement la plupart du temps, mais
dans tous les cas c'est l'assurance d'une sincérité inébranlable
qui émane de ce qu'il accorde à ceux qui lui font face. Tout cela
est confirmé par un regard d'un bleu profond qui peut paraître
sévère et scruter qui lui fait face, mais sans que cela soit
insistant au point d'en être discourtois ; cette intensité que
l'on ressent dans tout son être, accouplée à une réserve et à
une maîtrise qui en policent l'énergie, transparaît dans une
petite étincelle qui anime ses yeux d'une ferveur certaine. Le
charme grave et un peu suranné de l'homme, qui paraît au milieu de
la vingtaine, est relevé par une chevelure mi-longue d'un blond
solaire, soigneusement peignée, tandis que son visage est orné
d'une barbe finement taillée.
Gérault
détient un tempérament qui est le fruit de la combinaison de ses
héritages familiaux et de son engagement chevaleresque et religieux.
Il a en lui le sens du devoir et le courage inébranlable de son
père, de même que le sens de ses actes est guidé nécessairement
par les préceptes de Tyr, qui définissent et circonscrivent les
modalités d'un comportement juste, source de Bien et donc, pour
autrui, de cette charité propre à sa mère, autre manière de
dévouement. La formation dans l'ordre de Samular a fait du jeune
paladin un homme aux valeurs traditionnelles, le rendant suspicieux
quant aux innovations et aux déviations, que ce soit sur le plan de
la morale ou du culte. Ses racines cormyriennes du côté de son père
et son expédition au Téthyr, l'ont fait réfléchir sur les
coutumes politiques d'Eauprofonde, du Cormyr, du Téthyr, et sur leur
conformité avec la Loi du Juste. D'un point de vue paladinal,
Gérault est un tyréen qui estime que la loi juste doit être
appliquée sans concession, et qu'occire un mécréant est une
offrande faite à son dieu. Car c'est dans le défi à ses valeurs et
à son dieu que l'on peut susciter un courroux chevaleresque et une
sorte de violence, qui fait exception à son attitude habituelle,
faite d'un sérieux un peu sur la réserve, qui ne le poussera pas
toujours à se mettre en avant, ce qu'il n'hésitera toutefois pas à
faire dans les moments importants. Gérault voit les relations avec
autrui dans la même perspective élitiste que son service de Tyr :
l'amitié est un noble dévouement à autrui qui ne souffre pas de
trahison, tandis que l'amour est vu comme un don de l'âme et un
engagement devant les dieux. Le jeune paladin est quelqu'un qui
s'efforce d'appliquer les préceptes de la courtoisie, et qui peut se
montrer chaleureux et témoigner de la compassion pour qui s'en
montre digne et le mérite. Il s'estimerait de manière générale
indigne de continuer à servir Tyr et donc de vivre, s'il trahissait
volontairement les vertus du code paladinal.
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