-Missive adressée au
Patriarche du Concile Blanc-
En ce début *** 140*.
Votre Sainteté,
C'est en tant que Haut
Prêtre du Concile Blanc, humble serviteur de Tyr, dispensateur du
Bien et de la Justice, protecteur zélé des sujets de la Couronne,
que j'ai l'honneur de solliciter que vous portiez votre attention sur
un sujet de prime importance, je veux parler de la possibilité de
promulguer l'interdiction du culte de Baine en notre royaume de
Cirbann. C'est là une requête que je vous présente fort de l'avis
unanime et du soutien inconditionnel des voies spirituelle, militaire
et du savoir de notre ordre, et après que l'idée m'ait été
soumise par l'ex-Amiral Darius au début des événements auxquels je
fais référence ci-dessous.
D'un point de vue
théologique, vous connaissez tout comme moi, Votre Sainteté, quelle
est la motivation inéluctable du culte de Baine, à savoir
l'asservissement de toutes les nations de Faerûn sous la coupe du
Tyran, afin que tous les peuples existants vivent dans la peur, la
crainte, et que toutes notions de compassion, d'altruisme et de bonté
appartiennent à un passé révolu. Ce dieu cruel et destructeur
n'aura de cesse de pousser ses adorateurs à occuper, par la ruse
quand la force est contreproductive, des places importantes dans la
société dont il vise la corruption, jusqu'au trône lui-même. De
la même façon, la présence active qu'a connu le culte de Loviatar
en notre royaume, et la menace que font peser les prétentions des
adeptes de Talona, deux clergés qui s'allient parfois à celui de
Baine, doivent nous pousser à la plus grande vigilance comme à la
plus grande fermeté.
Les derniers événements
peuvent justement faire craindre que le dieu Tyran n'ait porté son
dévolu sur Cirbann, et ne décide d'y appliquer sa poigne sinistre
et impitoyable au moyen de méthodes à la fois expéditives et
louvoyantes. La mise en circulation d'une monnaie rougeoyante à
l'effigie de Baine n'a sans doute et bien malheureusement constitué
que les prémisses de cette action, une sorte d'avertissement et une
manière d'impressionner les sujets de la Couronne, si ce n'est de
les corrompre. En effet, les adeptes de ce dieu se font de plus en
plus présents en nos contrées et s'efforcent de s'y faire une
place, progressivement, en se donnant l'apparence d'hommes dévoués
au service du peuple. C'est ainsi que l'occupation de la ville morte
par une compagnie de mercenaires du nom de « Soleil vert »,
dirigée par un bainite dénommé Wilhelm Answald, qui vise en vérité
à créer un îlot maléfique, trouve prétexte dans l'anéantissement
des monstres alentour.
C'est à nous qu'il
revient de montrer le vrai visage de ces hommes et de ne point perdre
de temps pour les empêcher d'accomplir les desseins qu'ils
projettent. Déjà, des paladins de la voie militaire ont pu
surprendre le dénommé Answald faire acte de prosélytisme en Thola
même, alors qu'il insultait et harcelait en termes doucereux et
pernicieux la veuve d'Ambroise Priebke, l'homme qui avait renié
Baine pour se vouer à Lathandre. Sachons également tirer les leçons
du passé, car ma longue expérience m'a permis de voir de mes
propres yeux comment Baine avait déjà tenté de prendre pied en
Cirbann, avec une part de succès. Beaucoup se rappellent amèrement
les temps malheureux où la garde de Thola avait à sa tête un
adepte du Tyran, qui commandait par la terreur et profitait du climat
de la guerre d'alors pour prendre un ascendant moral. Si sa violence
s'est finalement retournée contre lui, il avait pu profiter de sa
fonction pour mettre hors-la-loi un paladin et l'exécuter lâchement
en prison.
Aussi, je vous conjure,
Votre Sainteté, de prendre en considération tous ces éléments et
ne pas attendre que les Bainites dont l'action commence tout juste,
puissent étendre leur influence de la même manière et profiter de
la guerre qui nous accable pour porter des coups terribles aussi bien
à notre Concile qu'à la monarchie. Interdire le culte de Baine est
notre devoir.
Dans l'attente de votre
réponse, je vous assure de mon dévouement le plus entier ainsi que
de mes prières pour que le Juste vous accorde sagesse et
clairvoyance,
Ulrich Franz, fidèle de
Tyr, Haut Prêtre du Concile Blanc,
avec la collaboration du
Faucon Pèlerin Roland de Jasperal pour la voie militaire
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